Le pôle Biodiversité porte les activités relevant du volet « environnement » au sein de la Fédération. Le terrain d’action est assez large allant de la simple expertise mycologique ou botanique jusqu’à la constitution et le suivi d’une liste rouge régionale, en passant par les inventaires naturalistes bien évidemment.
Le Pôle s’est doté d’outils et de méthodes de travail pour organiser un réseau de compétences et d’expertise permettant de réaliser ses objectifs.
En coordination avec les acteurs régionaux de l’environnement et de la biodiversité, notamment l’Observatoire de la Biodiversité en Rhône-Alpes, la FMBDS se donne les moyens de travailler activement à une meilleure reconnaissance du rôle essentiel des champignons dans les écosystèmes.
Le responsable du pôle est Nicolas VAN VOOREN (nvanvooren@fmbds.org)
La première tâche du Pôle consiste à piloter le programme intitulé « MycoflAURA, connaissance du patrimoine fongique en Auvergne-Rhône-Alpes ». Il s’inscrit dans la volonté de disposer d’une connaissance approfondie des espèces de champignons présent sur le territoire régional et d’inscrire durablement la mycologie dans les politiques de préservation de la biodiversité, malgré un retard important pris dans ce domaine. Il faut donc recenser les espèces, les cartographier, puis analyser les données pour proposer, notamment, une liste patrimoniale adaptée à nos territoires, point de départ de la constitution d’une liste rouge. Il est important de rappeler que, sans ce type d’outil, le dialogue avec les gestionnaires publics en matière de préservation des espaces naturels est plus compliqué. La FMBDS milite depuis de nombreuses années pour la mise en place d’un pôle « Fonge » en Auvergne-Rhône-Alpes ; ce programme en est la traduction concrète.
Pour accéder au portail dédié à MycoflAURA, aller à cette adresse : http://mycoflaura.fmbds.org
FAQ concernant MycoflAURA
A quoi ça sert le programme d’inventaire mycologique MycoflAURA ?
Cela permet d’établir un catalogue des espèces présentes sur le territoire d’Auvergne-Rhône-Alpes, d’en effectuer le suivi dans le temps et d’établir la valeur patrimoniale de ces espèces selon différents critères tels que l’abondance, la fréquence, l’interaction avec d’autres espèces, etc. Toutes les données sont conservées dans une base de données pour faciliter le traitement et l’analyse. De ce type d’action peut découler des actions de protection sur ce territoire si un fort intérêt patrimonial est détecté — généralement corrélé avec d’autres groupes naturalistes (plantes, insectes, etc.). Cela participe aussi d’une meilleure connaissance de la systématique par la détection d’espèces moins connues, voire nouvelles.
Quelles sont les groupes visés par MycoflAURA ?
Le programme s’intéresse à tous les groupes étudiés traditionnellement par les mycologues, donc les champignons, mais aussi les myxomycètes et les oomycètes. Les lichens sont pour l’instant exclus.
Je pense que mes compétences mycologiques sont trop limitées pour fournir des données. Ne faut-il pas être un bon mycologue pour participer au programme ?
Le programme d’inventaire ne hiérarchise pas les espèces. Dans ce contexte, chaque personne disposant de quelques compétences mycologiques pour déterminer des champignons peut y participer. L’important reste de ne proposer des données que sur les espèces que l’on est capable de déterminer avec un bon degré de certitude. Pour les autres espèces, il est toujours possible de s’adresser à ses collègues plus expérimentés, notamment au sein des associations, ou à des spécialistes qui participent eux aussi au programme. Au final, le plus important est d’avoir envie d’y participer, c’est-à-dire avoir le souhait de communiquer les relevés d’espèces que l’on observe ou que l’on récolte, que l’on détermine, même les plus courantes, dans un objectif de mutualisation des connaissances sur la fonge régionale.
Très concrètement, comment puis-je fournir des données pour cet inventaire ?
Cela passe par trois étapes : la signature d’un document simple fixant les modalités de participation, la compilation de vos données et la fourniture de celles-ci à travers un protocole défini entre vous et la FMBDS.
Etape 1 : C’est le volet un peu « administratif » du programme, rendu nécessaire par le fait que s’établit une relation de fournisseur de données / exploitant de données. Le fournisseur c’est vous, l’exploitant c’est la FMBDS en charge du programme et de la maintenance de la base de données. Il est donc important de savoir comment vos données seront utilisées, votre droit à correction, etc. Il s’agit d’une cession non exclusive et sans contrepartie financière. Ainsi, vous gardez la capacité à utiliser vos données pour vos propres besoins, voire de les transmettre à d’autres personnes ou structures. Dans ce cadre, il y a une convention à signer avec le FMBDS. C’est un document de seulement deux pages, donc rien de bien méchant ! Néanmoins, pour ceux que la paperasse rebute un peu, cette convention peut être signée entre une association et la FMBDS, donnant ainsi accès à tous les membres de cette association au programme, qu’il s’agisse d’y participer activement, ponctuellement, voire simplement de consulter les données à travers le portail.
Nous vous encourageons donc vivement à inviter les responsables de votre association, notamment son président, à signer cette convention — s’il ne l’a pas déjà fait — pour vous permettre de participer ainsi que les collègues motivés. Si l’association ne souhaite pas s’engager, libre à vous de signer la convention à titre individuel, c’est parfaitement possible.
Etape 2 : les relevés transmis sont enregistrés dans une base de données, il existe donc un protocole qui établit quelles sont les informations à transmettre et sous quelle forme. Il y a quatre catégories principales d’information :
- l’identification du champignon ;
- la localisation du relevé ou de la récolte + date ;
- le récolteur et le déterminateur ;
- les données écologiques.
Pour la première catégorie, il s’agit bien entendu d’identifier le champignon observé à travers son nom scientifique. Il n’est pas nécessaire de fournir le nom le plus actuel, juste d’être certain de sa détermination. L’objectif est d’être le plus qualitatif possible, donc si on n’est pas certain — dans l’état actuel des connaissances —, inutile de transmettre tant que vous n’avez pas une confirmation par un spécialiste.
Pour la localisation, les infos minimum requises sont : le code du département, la commune, un lieu-dit. Cependant, il est fortement recommandé de fournir aussi l’altitude et les coordonnées « GPS » du lieu de récolte. En effet, tous les relevés sont géolocalisés dans la base de données, c’est-à-dire qu’on leur affecte des coordonnées permettant une cartographie de répartition la plus précise possible. Bien entendu, quand vous prospectez un endroit donné, il n’est pas nécessaire de fournir des coordonnées pour chaque relevé, la même latitude/longitude peut être fournie pour l’ensemble, surtout si vous n’avez pas changé de biotope. Pour obtenir ces coordonnées, si vous n’êtes pas équipé d’un GPS sur le terrain, il est facile de retrouver l’information grâce à des outils gratuits comme Google Maps, Google Earth ou Geoportail (le site de l’IGN). A titre perso, c’est ce dernier que nous vous recommandons car la plupart des lieux-dits sont bien référencés. A noter que pour la date, on peut ne fournir que l’année ou le mois+année. Ça peut être utile pour des relevés plus anciens pour lesquels on n’a pas noté le jour précis. Pour les données écologiques (facultatives, mais toujours utiles à connaître), on peut définir l’habitat, le substrat et la plante/arbre-hôte (ou supposée comme telle). L’habitat et le substrat sont codifiés.
Pour effectuer les relevés, deux documents sont à votre disposition. Le premier est une fiche de saisie individuelle (1 fiche = 1 récolte) reprenant l’ensemble des informations à fournir. Le modèle est téléchargeable ici : LIEN. C’est utile pour une saisie manuelle, rapide, notamment sur le terrain ou pendant les sessions. Le deuxième document est une fiche de relevés collectifs (LIEN), plus pratique pour établir une liste des espèces recensées à un endroit donné (donc 1 fiche = n récoltes).
Etape 3 : une fois les relevés effectués, une feuille Excel (LIEN) est mise à disposition pour saisir les données selon le format attendu. Ainsi chaque colonne reprend une information unitairement, les lignes représentants les observations. A noter que pour les habitats et les substrats, vous sélectionnez dans des listes pré-formatées. Bien entendu, vous pouvez saisir vos relevés dans cette feuille Excel sans passer par les documents papiers indiqués précédemment.
Il n’y a pas de rythme imposé pour transmettre. Certains envoient leurs données au fil de l’eau, d’autres deux fois par an, voire une seule fois par an.
Vous pouvez aussi proposer des photos pour illustrer vos récoltes (ou les espèces déjà recensées), ça permet de rendre plus attractive les fiches présentes sur le portail. Les photos portent bien sûr la mention de l’auteur.
J’enregistre déjà mes données de récolte sur mon ordinateur avec un programme spécial. Est-ce que je dois tout ressaisir dans le fichier Excel proposé ?
Non, pas nécessairement. Il convient de vérifier si les données requises pour l’inventaire sont disponibles avec votre programme. Il sera alors possible d’exporter vos données dans un format compatible. Le plus simple est de contacter Nicolas Van Vooren pour en discuter.
Faut-il garder un échantillon de toutes les récoltes déterminées et intégrées dans l’inventaire ?
Non pas nécessairement. Ce sont souvent les espèces jugées intéressantes ou rares qui vont être conservées ou celles dont la détermination n’est pas certaine et qui nécessitent une vérification par un spécialiste. Conserver des photos est également une bonne pratique. MycoflAURA n’impose donc pas de fournir un échantillon pour chaque observation communiquée.
Comment gérer les anciennes données pour des espèces qui ont été découpées en plusieurs taxons récemment ?
Cela présente une réelle difficulté si aucun matériel (ou photo) n’a été conservé, car il sera alors difficile de mettre en lumière les caractères qui permettraient de renommer les récoltes en fonction de la taxinomie actuelle. Parfois, si des notes de récolte ont été gardées, il est possible de retrouver le bon nom à appliquer. De telles données sont néanmoins utiles si on les replace dans leur contexte de l’époque, elles constituent une « photographie » des connaissances. Elles sont donc intégrées avec toutes les indications nécessaires pour préciser cette incertitude.
Comment intégrer des données sur des taxons critiques dont la détermination requiert la compétence de spécialistes ?
Il suffit de signaler, dans les fiches de récolte ou dans le fichier Excel, cette criticité, par exemple en indiquant la source littéraire utilisée pour appliquer le nom que vous avez retenu. Vous pouvez également accoler au nom d’espèce « aff. » (affine) ou « cf. » qui indiquera que vous supposez qu’il s’agit de cette espèce, mais avec un doute. Dans tous ces cas, une photographie et la conservation d’un échantillon seront très utiles pour aider à la détermination postérieure.
Peut-on également intégrer des données de la littérature ancienne dont les noms sont parfois difficiles à interpréter ?
Oui, car elles reflètent la connaissance de nos anciens et nous donne des éléments de comparaison avec le présent. Il faut simplement « marquer » ces données pour que leur exploitation prenne en considération l’incertitude de certains noms au regard de la systématique moderne. Bien entendu, des noms fournis sans que la date et la localité de récolte soient connues sont assez peu exploitables.
Comment puis-je voir les données que j’ai fournies ?
Une fois intégrées dans la base, vos données sont traitées puis publiées sur le portail internet MycoflAURA. Elles viennent ainsi compléter celles communiquées par les autres mycologues participants à l’inventaire. Vos relevés apparaissent dans la liste des stations référencées pour l’espèce affichée. Pour consulter tout cela, vous devez vous connecter sur le portail MycoflAURA (http://mycoflaura.fmbds.org). La première fois, il faut d’abord demander l’ouverture de votre compte (lien Inscription) : un petit formulaire doit être rempli et la charte d’utilisation doit être validée.
En dehors des informations fournies sur le portail, il est tout à fait possible de solliciter Nicolas Van Vooren pour des extractions particulières. A la demande, des fichiers Excel contenant les données souhaitées sont produits sous réserve d’une utilisation conforme à la charte.
Est-ce la géolocalisation des récoltes ne constitue pas un risque de voir n’importe qui venir sur les stations ?
Il faut distinguer la gestion de l’information — qui doit être la plus précise possible — et la restitution des données après leur traitement. Dans le premier cas, il est important d’avoir les localisations « précises » des récoltes pour l’exploitation scientifique de la répartition des espèces, pour être en mesure de contrôler la pertinence des données, etc. Par exemple, si une espèce dont l’habitat est bien connu est signalée dans une localité où ce type d’habitat est totalement absent, on pourra se poser des questions sur le nom appliqué et contrôler les données fournies.
Dans le deuxième cas, c’est-à-dire la restitution il est tout à fait possible de mettre des garde-fous pour s’assurer que des sites « sensibles » soient protégés, que la cartographie des espèces ne permettent pas de localiser précisément les lieux de récolte, etc.
Lors de la fourniture des données, il est de votre responsabilité d’indiquer que telle ou telle récolte est considérée comme sensible et, qu’à ce titre, nécessite un marquage qui empêche sa diffusion libre. Cela peut être le cas pour des espèces particulièrement rares ou parce qu’elles sont recherchées à des fins commerciales.
Est-ce que tout le monde aura accès aux données publiées sur le portail ?
Il n’est pas prévu dans l’immédiat une diffusion totalement publique des données collectées, mais seulement un accès ouvert aux participants au programme, c’est-à-dire les personnes ayant acceptées de communiquer des données à la FMBDS ou les adhérents des sociétés de la FMBDS ayant signé une convention pour participer à ce programme. Une charte d’utilisation des données devra également être acceptée pour se connecter sur la plateforme Internet qui diffusera les données. A terme, les données seront communiquées à nos partenaires institutionnels.
Le programme MycoflAURA est soutenu par la Région Auvergne-Rhône-Alpes et par la DREAL Auvergne-Rhône-Alpes